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FEMMES ÉTRANGÈRES : QUAND LA CRISE RENFORCE LES INÉGALITÉS

Retrouvez les vidéos dans différentes langues de Women for Women

La crise du Covid-19, en instaurant le confinement, a exacerbé les inégalités présentes dans notre société. Si nous œuvrons quotidiennement à la promotion de l'égalité et à la réduction des inégalités aussi bien de genre, de classe, que de «race», le CIDFF ne peut que déplorer l'urgence de certaines situations, devenues extrêmes pour une catégorie de femmes.

En premier lieu, les femmes étrangères, les femmes en situation irrégulière, les femmes qui ne parlent pas le français, celles qui vivaient de l'économie souterraine se retrouvent surexposées aux violences et à la précarité. Violences physiques, violences institutionnelles, isolement… Ces femmes « invisibles » se retrouvent hors des radars, exclues de tout dispositif de protection.

Comment survivre quand les seuls revenus provenaient d'une activité au noir ? Heures de ménage, marché, garde d'enfants, prostitution… Pas de chômage partiel, pas de prestations sociales, pas d'aide exceptionnelle de l'Etat. Par exemple, les prostituées du Bois de Boulogne ont été abandonnées par les réseaux de proxénétisme. Elles se retrouvent seules, face aux quelques clients, réfugiées dans les bois, sous des tentes, surexposées aux violences et à la maladie. Certaines seraient décédées dans le silence le plus glaçant, enterrées par les survivantes. Etrangères, sans droit, sans tombe…

Pour d'autres, comme les femmes primo-arrivantes, c'est un combat quotidien pour trouver de la nourriture pour elles et leurs enfants. Heureusement que dans certain quartier la solidarité s'organise et que des associations et des bénévoles distribuent des colis alimentaires. Et encore, faut-il être au courant que cela existe !

Car en effet, comment s'informer sur ses droits quand on ne maitrise pas la langue française ? Qu'on n'a pas accès au numérique et donc aux réseaux sociaux. Comment demander de l'aide si on est victime de violences conjugales ? Habituellement, les femmes étrangères ou issues des immigrations victimes de violences venaient consulter le CIDFF accompagnées d'une voisine, d'une amie, d'une membre de la communauté pour assurer la traduction. Mais avec le confinement, cela n'est plus possible. L'isolement est d'autant plus prégnant. Pour autant, l'association Women for Women France, grâce à l'engagement des personnalités, a réalisé des vidéos en espagnol, en anglais, en arabe, en Italien, en hollandais, permettant de diffuser les numéros d'urgence et dispositifs pour les éventuelles victimes.

Impliquée depuis de nombreuses années dans la lutte contre les violences faites aux femmes étrangères, l'équipe du CIDFF 92 Nord s'inquiète de l'invisibilité de ces dernières. En effet, si la lutte contre les violences faites aux femmes constitue un axe prioritaire de la politique gouvernementale, les femmes étrangères victimes de violences restent encore trop souvent dans l'angle mort des politiques publiques.

Il est urgent de débloquer des moyens pour venir en aide à toutes celles qui se trouvent en dehors des canaux classiques d'information. Dans cette période de crise, comme d'ordinaire, la société civile est mobilisée pour lutter contre l'exclusion et les inégalités, étant ainsi au auprès des plus fragiles, des exclu.es, de toutes celles et ceux laissés de côté, au banc de notre société, en marge de la citoyenneté. Mais les dons ne suffisent pas. C'est un véritable plan de lutte contre la pauvreté dont nous avons besoin !

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