Les menstruations sont un phénomène naturel encore tabou.

Les menstruations sont des écoulements rouges – et non bleus contrairement à ce que vous avez pu croire pendant très longtemps en raison de multiples spots publicitaires – entraînés par le rejet d’un ovocyte non fécondé et constitués de la muqueuse utérine qui devait l’accueillir s’il avait été fécondé. Divers dispositifs existent afin d’éviter les épanchements sanguins.

Ce phénomène physiologique naturel et primordial constitue un tabou mondial alors que près de la moitié de la population planétaire est concernée.

Cette « loi du silence » engendre un malaise individuel et sociétal à l’égard des menstruations. Celles-ci ne doivent pas être montrées, détectées, discutées.

Cette omerta n’est pas sans avoir un impact négatif direct sur les concernées quant à leur bien-être, leur hygiène, leur santé et parfois même leur vie.

Ainsi, certains pays pratiquent l’exil menstruel. Ce rituel archaïque est représentatif du dégoût qu’inspire les menstruations. Elle se justifie par le fait que les femmes sont considérées comme impures et contraintes de s’isoler à l’écart du village. Elles vivent ainsi pendant plusieurs jours, exclues de la communauté, recluses dans ces huttes de boue et de pierre, peu importe les conditions climatiques, dans un environnement souvent très spartiate. Cette pratique est responsable chaque année de plusieurs décès.

Si l’exil menstruel reste minoritaire, avoir accès aux protections périodiques constitue largement un privilège pour beaucoup de femmes. Leur coût est loin d’être accessible aux personnes en situation de précarité.

 

Afin de pallier cet accès compliqué – voire impossible à certains produits élémentaires d’hygiène – certaines femmes et jeunes filles utilisent des torchons, feuilles, journaux, papier waters, morceau de matelas, etc… ou n’ont pas d’autre choix que de garder leur protections bien plus longtemps que le temps recommandé. En plus d’être inefficaces quant à la protection, ces méthodes présentent des risques d’infections très graves pouvant aller jusqu’au syndrome du choc toxique – une infection sanguine susceptible d’entraîner la mort.

La précarité et les difficultés d’accès aux biens de première nécessité constituent donc un facteur de vulnérabilité supplémentaire pour les femmes. Outre les répercussions du point de vue sanitaire, cet accès inégalitaire aux protections menstruelles peut entraîner des complications au niveau scolaire en raison de l’absentéisme dû au manque d’équipement sanitaire approprié et sur l’insertion socio-professionnelle suite à la difficulté à observer une hygiène menstruelle convenable.

En Écosse, un projet de loi a été approuvé le 24 novembre 2020 obligeant les autorités locales à veiller à ce que des articles gratuits tels que des tampons et des serviettes hygiéniques soient disponibles pour « quiconque en a besoin ».

Un exemple pour la France qui n’est pas épargnée par la précarité menstruelle. Un nombre conséquent de nos concitoyennes se retrouve donc à arbitrer entre deux achats essentiels : celui permettant de se sustenter en vue de survivre ou celui destiné à continuer de sortir, travailler, s’instruire, sans laisser de trainée de sang derrière soi sur les sièges du métro, d’un restaurant ou sur sa chaise de bureau.

Pour lutter efficacement contre ce fléau et résoudre cette inégalité de manière pérenne, il est nécessaire de soutenir financièrement les programmes d’aide aux personnes en situation de précarité, à l’image des campagnes de dons initiées par la Fondation des Femmes.

Il est également indispensable de poursuivre les campagnes de sensibilisation contre le sexisme et l’intégration dès le plus jeune âge de ce sentiment de honte infligé aux jeunes filles.

Le CIDFF 92 Nord se positionne sur ces deux champs d’action en évoquant cette problématique auprès des plus jeunes au cours d’interventions en milieu scolaire sur la thématique de l’égalité filles-garçons et en fournissant aux femmes en situation de précarité des kits d’hygiène intime.

 

Une nouvelle fois, il ne s’agit pas d’un « problème féminin » mais d’une problématique sociétale pour laquelle il est impératif que nous œuvrions tout.e.s.

Si les règles constituent un phénomène naturel, le tabou et la précarité qui les entourent ne le sont pas.