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Violences faites aux femmes à l'heure du confinement : éclairage psychologique.

​Les violences faites aux femmes laissent des traces indélébiles dans la psyché des victimes. Toute type de perturbation extérieure peut venir réactiver les souffrances endurées, d'autant plus quand c'est tout l'ordre social qui se trouve bouleversé. Comment comprendre les possibles réactivations des traumas à l'heure du confinement ?

Le nombre de femmes victimes de violences a augmenté de plus de 30% depuis la mise en place de la mesure de confinement en France. Pour appréhender une part de ce phénomène, il faut tenir compte du stress inhérent à la situation dans l'analyse de ces passages à l'acte violent. Mais il paraît important de garder à l'esprit qu'il s'agit ici d'un facteur déclencheur et non d'une cause véritable.

Le confinement induit inexorablement des effets sur la santé mentale d'une population. Diverses études scientifiques ont été réalisées en Chine[1] lors du confinement lié au Coronavirus mais également dans le monde entier pendant les épidémies de Sras, d'Ebola, de la grippe H1N1[2], etc. Toutes ont démontré la prédominance du stress chez les populations exposées à une telle mesure. Ce stress de « fond » rend plus difficilement tolérable pour l'appareil psychique la survenue d'autres stress, comme les violences conjugales ou encore la prise en charge complète des enfants. Des stress qui jusqu'à présent étaient supportables, par adaptation et compensation, sont désormais plus difficilement tolérables.

A ce stress, la pandémie ajoute des angoisses plus ou moins conséquentes concernant l'éventualité de la mort. Parfois, ces angoisses, dont le propre demeure de ne pas avoir d'objets identifiables, viennent s'exprimer de manière toute à fait inattendue. Elles ne font dès lors pas sens pour le sujet. Derrière elles, c'est l'ombre de la mort qui plane. L'ombre de l'irreprésentable que constitue pour chacun le réel de sa propre mort. Sans que cela ne vienne parfois affleurer la conscience.

Les personnes fragilisées un temps par toutes formes de violences (physiques, psychologiques, sexuelles, etc.) peuvent avoir développé des traumatismes. Les conséquences de ces violences s'étalent sur une palette sombre allant de l'hypervigilance aux réminiscences tout en passant par les troubles du sommeil et de l'alimentation.

Certaines ont pu développer un syndrome de stress post-traumatique handicapant sévèrement leur quotidien : mémoire traumatique, flashback, sensation de revivre dans le présent ce qui pourtant appartient au passé, etc.

La violence confronte le sujet avec la mort, que celle-ci soit physique ou psychique. Cette réalité irreprésentable à laquelle la psyché ne peut donner forme connue effracte l'appareil psychique et vient se loger au cœur même du sujet comme un hôte indésirable, un parfait étranger qui transforme l'individu dans son rapport au monde, dans son rapport à lui-même.

La rencontre entre les effets potentiels du confinement et des violences est explosive.

Pour les femmes qui par le passé ont subi des violences (conjugales, intrafamiliales, etc) il faut considérer qu'une telle situation mêlant au stress l'appréhension d'une forme de mort peut réveiller des traumas enfuis. Au stress du ou des traumas initiaux vient se surajouter le stress de la situation présente qui, en faisant voler les repères quotidiens, fragilise les aménagements psychiques parfois précaires qui avaient pu être mis en place afin de conserver un équilibre mental vivable. A la mort qu'il avait envisagé hier, le psychisme doit faire face à un climat anxiogène où celle-ci se présente à nouveau, sous un autre visage.

Autant de points de rencontre facilitant la reviviscence du trauma.

Ainsi, certaines femmes se retrouvent contraintes à être confinée avec un père anciennement agresseur. Parfois, c'est un mari violent qui hante certaines nuits. Le confinement offre à penser. Il laisse également une place de choix au vide dans lequel s'engouffrent à loisirs les souffrances les moins cicatrisées.

Néanmoins, ce confinement peut être l'occasion de poursuivre un travail sur soi, d'être accompagné sur la voie d'une reconstruction. Encore faut-il avoir un espace suffisant et ne plus partager son quotidien avec son agresseur.

Les consultations psychologiques du CIDFF 92 NORD se poursuivent par téléphone. Pour prendre RDV avec la psychologue, veuillez écrire à l'adresse suivante : psychologue.cidffnanterre@gmail.com


[1]https://gpsych.bmj.com/content/33/2/e100213

[2]https://www.thelancet.com/journals/lancet/article/PIIS0140-6736(20)30460-8/fulltext

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